WordPress is clutter

WordPress est encombré.

Il « propulse » près d’un quart du web et domine outrageusement le marché des CMS, ce que nous pourrions aussi bien considérer comme la raison que la conséquence de son encombrement.

Avec WordPress, nous pouvons quasiment tout faire :

  • un blog ;
  • une boutique en ligne ;
  • un forum ;
  • un site de support ;
  • un site affichant des flux ;
  • un Pinterest personnel ;
  • un livre web ;
  • un magazine en ligne ;
  • une app web ;
  • un site one-page.

Et nous ne tenons là qu’une partie des usages du CMS à tout faire…

WordPress est rapidement devenu le choix par défaut, celui auquel nous ne réfléchissons pas. Seulement, il peut être exagéré de l’utiliser pour certains projets. C’est la raison pour laquelle des utilisateurs se tournent vers les plateformes Ghost, Medium ou Svbtle pour bloguer quand d’autres choisissent des solutions plus légères pour réaliser leur portfolio.

Business is business

Si l’on y regardait bien, nous pourrions nous demander si l’encombrement de WordPress ne provient pas du marché qui s’est construit autour de lui.

Si nous nous intéressons aux thèmes payants, force est de constater que ceux-ci deviennent de plus en plus lourds et complexes ; ils en viennent même à enfermer l’utilisateur dans le pire des cas. Entre shortcodes et sections (Portfolio, fiches produit, etc.) ajoutés directement aux fonctions du thème plutôt que déportés dans des plugins, l’utilisateur peut très vite se retrouver dépendant d’un fournisseur de thèmes.

Dans un monde parfait, nous verrions s’afficher ce message à la fin de la description du thème payant :

P.S. : Si tu changes de thème, il faudra refaire ça, ça et et ça puisque tout ceci dépend du thème que je te vends… Ah et au fait, il faudra aussi modifier les shortcodes dans tous tes articles. Désolé.

Certes, ce marché est hyper concurrentiel et l’on peut comprendre que les développeurs et designers doivent en offrir toujours plus afin de couvrir le maximum d’usages possibles, pour vendre au plus grand nombre. Il n’en reste pas moins que les acheteurs ne se serviront que de 10 ou 20 % des fonctionnalités proposées et que nous aurions certainement à y gagner si nous les installions comme des extensions indépendantes…

Et si d’aucuns parleraient d’expérience utilisateur en pointant la facilité d’installer le thème et ses fonctionnalités, je ne suis pas certain qu’un back end bourré de menus et sous-menus constitue une bonne expérience. J’en fais justement l’expérience tous les jours et je m’y perds régulièrement.

Il est grand temps de développer des principes, les bonnes pratiques étant volontiers mises de côté dès que l’argent entre dans l’équation.

Qui a besoin de 600 Google Fonts ?

L’une des dernières tendances consiste à intégrer l’intégralité des polices proposées par Google. Des thèmes sont parfois même principalement mis à jour pour intégrer les dernières fontes ajoutées par le service. Les développeurs nous proposent donc des listes qui n’en finissent plus, c’est une expérience de merde.

Combien d’utilisateurs ont envie de passer en revue autant de polices sans même savoir à quoi elles ressemblent ? Combien de fois avons-nous cliqué sur le nom d’une police pour nous rendre compte qu’elle ne conviendrait pas du tout pour le corps du texte ? Combien d’entre nous ont fini par ouvrir Google Fonts dans une autre fenêtre afin de prévisualiser les polices avant de les sélectionner ?

Ce bête exemple démontre que l’argument de l’expérience utilisateur ne tient pas.

Un développeur qui se soucierait de l’utilisateur filtrerait les polices en fonction de leur usage : titre, corps, logo, etc. ; il ne balancerait pas une même liste de plus de 600 polices pour tous ces éléments.

Je n’en peux plus d’attendre qu’un développeur ose cette approche et effectue une présélection pour chaque élément dans l’objectif d’aider l’utilisateur. Nous pourrions même imaginer qu’il propose des combinaisons toutes faites pour encore un peu plus nous simplifier la vie.

Malheureusement, il ne pourrait plus afficher le nombre « 600 » comme argument de vente… Et tant pis si certains utilisateurs iront choisir des polices totalement inadaptées à la lecture pour le corps du texte.

screenshot thème Post

Des thèmes comme des expériences

C’est une idée à laquelle je réfléchis depuis plus d’un an : et si nous privilégions l’expérience de l’utilisateur à l’exhaustivité du thème ?

C’est une approche que j’ai tentée de mettre en pratique en construisant moi-même un thème WordPress pensé pour les auteurs qui écrivent peu mais qui ont beaucoup à dire.

Le tout résulte dans l’imposition de choix et c’est certainement là que le bât blesse : c’est un trop gros risque à prendre.

Pensez donc ! Un thème qui impose une composition typographique, qui désactive les commentaires (y compris dans le back end), qui ne permet pas de partager un article sur les réseaux sociaux et dont la page d’accueil ne présente que le dernier article publié – avec tout de même une archive en dessous de celui-ci.

C’est de la folie pure.

Mais nous ne verrions là que ce que nous considérons comme des inconvénients. Le thème ne se résume pas à ces 4 choses.

  • Imaginez être accueilli par une page de login conçue pour vous plonger dans l’écriture de votre article.
  • Imaginez le tableau de bord WP nettoyé de ce qui n’est pas nécessaire.
  • Imaginez l’interface de rédaction WordPress vous inviter à écrire quelque chose qui vaut la peine d’être lu.
  • Imaginez le CMS vous encourager à écrire davantage que 280 mots, soit la moyenne d’un article WP sur le web.
  • Imaginez des pages de contact et d’à propos faciles à mettre en place.
  • Imaginez la barre de formatage vous proposer des styles pour les lettrines, les petites capitales ou les préfaces.
  • Imaginez un thème avec lequel vous pouvez surligner le contenu qui vous semble important et avec lequel le lecteur peut décider de l’afficher – ce qui peut également répondre à la problématique de scan de la page.
  • Imaginez un thème qui gère les espaces insécables de lui-même et respecte des règles de typographie pour offrir une mise en pages plus soignée.

Est-ce que tout cela vous fait oublier les limitations imposées ? Est-ce que vous pourriez faire avec ce thème un peu borné ? Je vous le demande sincèrement, je peux forcément me tromper sur vos attentes.

login-logo

20simple

Je l’ai déjà souligné, ce blog utilise un thème très personnel nommé Nighthawk Drafted. Son dossier contient plus d’images que de fichiers php. Et encore, ces images, vous ne les verrez ou les remarquerez quasiment jamais (logo de la page de login, favicon, icône iOS, screenshot du thème…).

Pour ce projet, je n’ai pas besoin de plus.

Et rien n’a été entrepris pour modifier le back end WP. Je n’ai pas envie de le modifier, il ne demande pas de modifications totalement gratuites. Et c’est mon choix, pas celui d’un développeur de thèmes. J’aimerais que ce dernier me le le laisse et je ne suis probablement pas le seul.

Il est peut-être temps de concevoir les choses autrement, il y a suffisamment d’utilisateurs qui sauront se montrer sensibles à des approches alternatives. J’encourage vraiment les développeurs de thèmes à nous proposer des expériences différentes, ce CMS et ses usagers ne méritent certainement pas qu’on les encombre ni que cette « approche de design » devienne la seule envisageable.

Merci à ceux qui oseront penser différemment.