Atomes, molécules, organismes

C’est comme si nous avions redécouvert comment la nature fabriquait les choses.

Des atomes. Pensez-y deux secondes.

Quand nous interagissons avec le web, ces atomes sont partout, tout le temps.

Qu’est-ce que la distribution des contenus ?

Un tweet est un atome, une carte Google est une molécule, une timeline FaceBook est un organisme.

Les contenus sont publiés, puis poussés, puis partagés, puis parfois redistribués. Ils peuvent être compilés ou empaquetés, scannés et manipulés, analysés et remixés, re-contextualisés et remis en pages…

Et c’est aussi l’une des raisons pour laquelle la structure sémantique s’est imposée – au hasard, l’indexation des moteurs de recherche.

Il n’y a plus de média, il y a des flux ; il n’y a plus de contrôle, il y a des interactions.

Nous déconstruisons les organismes pour en manipuler les molécules, nous y trouvons des atomes avec lesquels nous allons créer quelque chose d’autre.

Demain, il en sera de même pour les contenus des apps, des magazines et des livres numériques. Que nous le voulions ou pas. Que nous sachions que le mouvement est déjà bien entamé ou que nous préférions l’ignorer.

Dans le domaine de la publication, les concepteurs de magazines et de livres qui n’adoptent pas dès aujourd’hui une approche atomique ne seront plus présents pour en parler demain. C’est aussi simple que ça, c’est comme ça que cela s’est passé ailleurs.

Et nous pouvons conceptualiser tout ce modèle à partir de l’accroche que nous croisons parfois dans l’article d’un site, celle accompagnée par un petit oiseau bleu et qu’il suffit de cliquer pour partager sur Twitter.

Nous pouvons même le voir évoluer dans le générateur de mèmes développé par Vox, outil qui transforme 5 atomes prédéfinis en une molécule pouvant venir s’ajouter à des organismes divers et variés.

C’est comme ça que nous fabriquons les choses

C’est juste que nous pensions jusqu’ici qu’il nous fallait distribuer l’organisme le plus élaboré possible.

Nous avons donc rajouté des fonctionnalités aux logiciels – et produits – plutôt que de proposer des molécules sous forme de plug-ins. C’est ce qui a mené à des outils extrêmement lourds et peu modulaires, des interfaces que nous n’avons pas le courage de simplifier à nos besoins.

L’éditeur de texte Atom propose une nouvelle vision de l’outil logiciel, une vision dans laquelle nous décidons d’ajouter nous-mêmes des molécules pour obtenir de nouvelles fonctionnalités. L’idée n’est pas de proposer une liste extrêmement longue de features mais de permettre à d’autres de fabriquer des extensions très facilement.

Pure, un framework CSS, a adopté la même approche : on ajoute des modules, on ne retire pas des déclarations inutiles.

Ai-je besoin de mentionner toute la culture « Do It Yourself » qui se développe autour de machines comme l’Arduino et le Raspberry Pi ?

Tout ceci ne vous rappelle-t-il pas les Légo ?

Laissez-faire

Foncièrement, les gens ont horreur des produits encombrés dont ils n’utiliseront que 10 ou 20 % des fonctionnalités. Ils apprennent à faire avec et à ne plus s’en plaindre parce qu’ils n’ont pas le choix.

Et cela devrait en réalité être considéré comme un constat d’échec.

Créez un écosystème léger mais riche où ils pourront ajouter des molécules et il y a de grandes chances qu’ils n’aient pas du tout envie de revenir vers les logiciels lourds qu’ils n’utilisaient pas à plein.

Proposez-leur quelque chose de simple et ils pourront alors imaginer partir d’une feuille blanche, sans être contraints par les processus et possibilités qu’impliquent les fonctionnalités prédéfinies.

Bien sûr, vous pourrez me répondre qu’ils cherchent de toute manière à contourner les limitations et à détourner les outils mis à leur disposition par les logiciels très aboutis, que cela n’a donc que peu d’importance…

Mais je pourrais aussi vous répondre que cela revient à dire qu’ils se battent contre le logiciel que vous avez conçu alors que son objectif était de leur simplifier la vie. Et je reviendrais sur l’idée des Légo : des briques bêtes et méchantes avec lesquelles certains construisent des parcs.

L’expérience utilisateur, c’est parfois aussi simple que ça : laisser les gens construire plutôt que de leur imposer une vision médiocre parce qu’encombrée.