Objectified

Tout commence avec une notification.

Une autre suit.

Puis une troisième.

Et les notifications s’accumulent à chaque app ajoutée, elles se multiplient pour demander notre attention et bientôt se décuplent sans que l’on ne comprenne bien pourquoi, le moindre micro-événement (retweet, réponse FaceBook, accomplissement dans un jeu…) bénéficiant de ce mode de publication « disruptif ».

Je les ai désactivées. Toutes. Partout.

Un petit test

Ne gardez sur le premier écran d’accueil de votre smartphone ou de votre tablette que ce dont vous vous servez quotidiennement. Avec quoi vous retrouvez-vous ?

Vous retrouvez-vous avec une ou plusieurs apps de réseaux sociaux, une app Mail et une app de messagerie instantanée ?

Vous retrouvez-vous avec quelques apps de lecture (flux RSS, presse, livres numériques ou lecture différée), l’app YouTube et un navigateur web ?

Vous retrouvez-vous avec des jeux, des apps créatives, des apps de productivité, des apps éducatives et des apps photo ?

Bien sûr, il y a de grandes chances que vous vous retrouviez avec un peu de toutes ces apps et que vous ne rentriez pas strictement dans l’une des trois propositions que je viens de vous faire.

Alors les vraies questions à poser sont les suivantes :

  • combien de notifications par jour ?
  • combien d’activités parasitées par une notification ?
  • combien de fois êtes-vous totalement plongé dans une tâche ?
  • combien de fois enclenchez-vous le mode « avion » ?
  • combien de temps avez-vous passé à gérer les notifications dans les réglages de l’appareil ?

Loin de moi l’idée de vous juger en fonction de vos réponses ; les notifications peuvent rapidement devenir une sorte d’opium : nous scrutons le prochain article de notre site préféré, nous cherchons à savoir l’impact que peut avoir un tweet que nous venons de publier, nous attendons impatiemment la réponse de celui/celle avec qui nous discutons.

Reboot

Le fait est que les notifications, en trop grand nombre, peuvent nous irriter au point où nous nous mettons à construire des stratégies anti-distraction.

Pensez à ceux qui écrivent, qui se tournent vers les outils « sans distraction » tels qu’iA Writer, OmmWriter ou FocusWriter, et en viennent même à utiliser des apps qui les empêchent de se connecter à internet. N’est-il pas significatif que l’une s’appelle Freedom (liberté) quand l’autre se nomme Focus Me (concentre-moi) ?

Pensez aux créatifs qui organisent leur emploi du temps pour se réserver des périodes de créativité dans la journée. Certains répondent à tous leurs mails le lundi, publient un article le mardi, créent les trois jours suivants… D’autres répondent aux mails le matin, socialisent jusqu’à midi, se réservent l’après-midi pour créer et font ce qu’ils ont à faire d’autre en soirée.

Pensez à ceux qui ont besoin de ce genre de doudou pour ne pas se sentir nus…

Comme s’ils redémarraient la machine, comme un reboot parce que le système est trop encombré et qu’il ne répond plus de façon optimale.

Disconnect

Même un reboot peut ne pas suffire.

Envie de lire en numérique sans être dérangé ? Achetez une liseuse.

Envie d’aller écrire en numérique au fin fond de la forêt ? Achetez une Hemingwrite.

Envie d’un moyen de communication qui ne devienne pas une extension de votre corps ? Achetez un bon vieux téléphone portable, tout simple, sans fioritures.

Pourquoi avons-nous besoin que ces objets nous coupent du « monde connecté » à notre place ? Ne pourrions-nous pas couper la connexion internet de notre tablette pour lire ? Ne pourrions-nous pas régler notre smartphone afin qu’il ne devienne pas simple terminal de notifications ?

Vivre à travers les objets

Nous vivions avec les objets, nous vivons désormais à travers eux.

Ils nous caractérisent parce que nous les personnalisons, ils nous décrivent parce que nous les achetons. Certains pourraient même établir notre portrait rien qu’en fouillant dans notre valise. Selon que vous partiez en vacances avec une tablette ou une liseuse, nous savons comment vous envisagez ces vacances. À voir le nombre d’objets high-tech que vous possédez, nous devinons quel est votre métier.

Nous voyons désormais naître l’internet des objets, une vie dans laquelle nous dormons à travers des objets qui se proposent de mesurer la qualité de notre sommeil. Nous ne marchons même plus pour le plaisir d’une balade mais parce que nos pas sont comptabilisés par un traqueur d’activité.

Et si ces choses de l’internet ne s’évertuaient qu’à résoudre des problèmes que les choses du high-tech ont créé ?